Les outils en ostéopathie sont nombreux. Chaque ostéo a ses outils de prédilection.
Mais tous ont le même but : lever des dysfonctions (“blocages") qui entravent le bon fonctionnement du corps dans son ensemble.
Certaines dysfonctions sont facilement comprises du grand public : une vertèbre “bloquée” qui fait mal au dos, un genou qui “coince” parce qu'il n'est pas “dans l'axe”... En général, les dysfonctions articulaires “osseuses” sont bien mentalisées.
D'autres semblent plus abstraites et sont pourtant aussi, si ne n'est plus, importantes ! Le corps est loin d'être uniquement un squelette (sinon, c'est que l'on est mort !). Il est composé de nombreux types de tissus : peau, muscles, tendons, ligaments, fascias, organes, nerfs, moelle, cerveau, vaisseaux sanguins et lymphatiques… Et tout cela forme un être vivant en interaction avec son environnement et soumis à des émotions !
Que de choses passionnantes sur lesquelles travailler pour aller mieux !
Revenons aux principaux outils de l'ostéopathe dans leur très grandes lignes :
- Techniques structurelles osteo-articulaires : il s’agit de mettre en évidence un mouvement restreint et asymétrique d’une articulation et de lever la restriction par une mise en tension et un “thrust”. (1)
- Techniques structurelles viscérales : il s’agit de mettre en évidence une restriction de mobilité sur un organe (estomac, poumon,...) et d’appliquer un mise en tension / rebond.
- Techniques fasciales : il s’agit d’utiliser les tissus fibreux reliant les structures entres elles (fascias), tout est lié, des pieds à la tête !
- Techniques tissulaires : il s’agit de mettre en évidence une densité au sein d’un tissu et de remettre en mouvement afin de libérer l’énergie figée. (2)
- Techniques crânio-sacrées : il s’agit de travailler sur les méninges (crâne, dure-mère, cerveau, moelle…) sur tout leur axe du crâne au sacrum.
- Techniques liquidiennes : il s’agit d’utiliser un mouvement d'expansion / rétraction (inspir / expir), appelé aussi mécanisme respiratoire primaire (MRP).
Personnellement, j'utilise la première… en dernier recours ! En effet, je trouve bien plus passionnant (et précis !) de chercher à comprendre pourquoi une articulation ne fonctionne pas comme elle devrait plutôt que de mettre en tension (1) et… “craque” !
J'aime bien “tirer la ficelle et remonter jusqu’au nœud” ! J'utilise donc assez peu de techniques structurelles, le plus souvent en viscéral et en incluant d'autres données (fascia, tissulaire, liquidien principalement).
Comme l'a si bien exprimé Pierre Tricot (2) par sa phrase : “A l'intention la vie répond, à la force elle se soumet”, le but est d'avoir un dialogue avec le vivant et non d'imposer sa volonté en lui rentrant dedans, ou en tout cas le moins possible !
Mes techniques de prédilection restent les techniques fasciales et tissulaires, qui sont des techniques douces et puissantes !
Afin de rendre moins abstrait le déroulement de mes séances d'ostéo, voici de façon simplifiée ce que je fais :
Après avoir recueilli les principales informations qui amènent le propriétaire à me montrer son animal, je commence par “dire bonjour” à l'animal. Je lui présente mes intentions: je suis là pour l'aider et j'attends son “accusé de réception”.
Une fois ces “politesses” échangées, je commence la séance en elle-même, le plus souvent de l’arrière vers l’avant, mais je m’adapte en fonction des besoins.
Je commence par une écoute (3) au niveau du bassin. Je recherche les dysfonctions sacro-illiaques et leurs origines (la “ficelle” vers le “noeud”), les tensions moelle / dure-mère jusqu'au crâne (travail sur la force de traction médullaire (FTM) (4), sur les quatre “cadrans” de la moelle). En fonction des restrictions de mobilité rencontrées, je les travaille soit à distance soit je me positionne dessus.
Je vérifie les deux membres postérieurs en faisant une hélice fasciale tout en ayant une écoute sur les méridiens et points d'acupuncture.
Je teste les viscères abdominaux. Selon les dysfonctions, j'utilise plus les techniques fasciales ou plus les techniques tissulaires. Ces dernières permettent d'inclure la sphère émotionnelle, souvent particulièrement utile sur les viscères. En effet, les émotions peuvent se “cristalliser” dans un tissu et empêcher ce dernier de bouger correctement.
Je teste le diaphragme et les viscères thoraciques, en détaillant les structures: fascia endo-thoracique, plèvres, poumons, médiastin, péricarde, cœur ainsi que l'entrée de poitrine.
Je vérifie les membres antérieurs comme pour les membres postérieurs avec en plus une écoute à partir de l’épaule pour déterminer ce qui restreint sa mobilité (“la ficelle” et “le noeud”).
Je teste les vertèbres cervicales, les fascias du cou et la “loge viscérale du cou” /zone pharyngienne, nommée ainsi par Patrick Chêne (5), et qui fait partie de son travail sur les hélices fasciales.
Je remonte ensuite jusqu’au crâne. Je teste la mobilité globale en techniques liquidiennes, je recherche les densités en technique tissulaire, je teste les articulations temporo-mandibulaires (ATM) avec une écoute fasciale. Je travaille sur la dure-mère, les tentes du cervelet, je teste le 3e et 4e ventricule. Je vérifie la tension et mobilité des yeux (en tant qu’organe du système nerveux le plus crânial, ils ont un rôle dans la FTM (4)).
Figure 1 : une séance d’ostéopathie comme je la pratique en résumé.
Après avoir pratiqué les corrections nécessaires, je vérifie à nouveau l’ensemble du corps car d’autres dysfonctions peuvent ressortir. J’alterne correction et vérification jusqu’à obtenir un mouvement harmonieux.
Enfin, je termine par une hélice fasciale complète et une harmonisation cranio-sacrée qui aide l’organisme à intégrer toutes les nouvelles données et contribue à son “équilibrage” global.
Cela résume dans les grandes lignes ma façon de procéder actuelle. L’utilisation des outils est variable d’un animal à l’autre. Le but étant d’être à l’écoute des besoins du corps et de ne pas rester figé dans une méthodologie.
Voici les tarifs au 1er janvier 2025 (prix TTC) :
- Ostéopathie animaux de compagnie (chiens, chats, NAC, poules…) : 72 €
- Ostéopathie gros animaux (chevaux, bovins) : 91 €
- Déplacement à domicile : 3,50 € du km aller (retour inclus)
Des tarifs particuliers peuvent être convenus pour des suivis de cheptels.
Aparté sur la communication animale
Pourquoi aborder le sujet ici ? J’ai souvent des gens qui me posent des questions sur la communication animale et qui souhaitent savoir si je la pratique. Il est par ailleurs fréquent que des émotions “cristallisées” ressortent lors de séances d’ostéopathie, ce qui amène régulièrement le sujet de la communication animale. D’autres personnes viennent consulter pour en savoir plus sur les émotions de leur animal. J’ai jugé opportun d’apporter quelques précisions en la matière.
Il existe des formations visant à apprendre à “rentrer en communication” avec un animal. Le fait de pouvoir communiquer avec un être vivant autrement que verbalement est une réalité. Mais je ne suis pas certaine que l'on puisse apprendre cela en quelques heures de cours. En réalité, tout le monde peut le faire (sans cours !), il suffit de s'y mettre, le plus naturellement et simplement possible, avec le cœur, avec amour…
Personnellement, je “communique” depuis que je suis enfant, “depuis toujours”, je n'ai donc pas trouvé utile de me former à ce sujet. Au cours de mes consultations, je laisse toujours la porte ouverte au dialogue mais ne le force jamais : si l'animal ne souhaite pas s'exprimer je le respecte. Lorsque j'ai des échanges, l'animal ne s'attarde pas sur de longs dialogues. Il dit ce qui ne va pas et éventuellement le pourquoi et une piste d'amélioration. Les professionnels en communication animale qui fournissent 2 ou 3 feuilles A4 de réponse pour toute demande de communication me laisse dubitative. Cela correspond probablement plus à la réponse souhaitée par le propriétaire qu’à un besoin de l’animal.
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La mise en tension ne se fait pas n'importe comment et est déjà un art en elle-même! Elle nécessite la détermination précise du sens de mise en tension et du moment où faire le “thrust”, mouvement de haute vélocité et faible amplitude, aboutissant souvent à une décoaptation articulaire provoquant un bruit sonore, le fameux “craque”.
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Pierre Tricot est un ostéopathe contemporain ayant mis au point une méthodologie pour travailler sur les tissus, l’ostéopathie tissulaire. Il a écrit plusieurs livres pour ceux que ça intéresse. Notamment : Approche tissulaire de l'ostéopathie en 2 tomes, édition Sully.
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En ostéopathie en parle souvent “d’écoute”, c’est le terme le plus approprié pour expliquer le fait de mettre ses mains “en réception”.
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La force de traction médullaire, ou FTM, est une notion à prendre particulièrement en compte chez les jeunes en croissance. En effet, les vertèbres grandissent plus vite que la moelle qui se retrouve anormalement “étirée”. Pour pallier à cela, le corps trouve des “solutions” : chez nous ce sera la scoliose, chez les chiens et chats ce sera une cyphose (dos voussé) avec les genoux écartés et les coudes rentrés… position idéale pour développer une dysplasie des hanches… chez le cheval ce sera plutôt le développement d’un dos de carpe…
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Patrick Chêne est aussi un ostéopathe et vétérinaire contemporain. Il a notamment développé une méthodologie appelée le corps tenségritif. Ces techniques incluent les hélices fasciales, le travail sur les loges viscérales de l’abdomen, du thorax, du cou et du crâne, la force de traction médullaire et un mouvement respiratoire dit harmonique.
Figure 2 : l’hélice fasciale et les loges viscérales selon Patrick Chêne.
Article rédigé par le Dr Myriam Meylan
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